Avoir un véhicule de transport en commun pour des courses sur le boulevard Valérie Giscard d’Estaing (VGE) à Abidjan, n’est plus chose aisée. La raison, une interdiction de stationner sur cette route très fréquentée est en vigueur depuis quelques semaines. Les usagers des transports en commun doivent marcher des kilomètres pour trouver un véhicule.
Sira Fatoumata est étudiante. La grande école qu’elle fréquente est située à Marcory non loin du Boulevard Valérie Giscard d’Estaing (VGE), actuel boulevard Félix Houphouët-Boigny.
Résidente à Grand-Bassam, elle doit descendre tous les jours à un carrefour sur le VGE qui donne accès à son établissement.
Mais depuis quelques semaines, elle éprouve des difficultés.
« D’habitude, je prends un véhicule sous l’échangeur HKB, mais aujourd’hui je suis obligée de marcher jusqu’aux feux tricolores d’Ancien Koumassi », confie-t-elle, visiblement épuisée ce jeudi 30 janvier 2025.
Comme Sira Fatoumata, nombreux sont ceux qui vivent cette situation comme constaté par 7info lors d’un passage dans le secteur.
La mesure, à en croire des informations, est une initiative du District autonome d’Abidjan. Elle rentrerait dans le cadre de la mission de lutte contre le désordre urbain.
Sur cette route, il n’y a pas que les passagers qui souffrent de la mesure. Les transporteurs en pâtissent aussi.
Les restrictions de stationnement qui leur interdisent de garer entre Marcory et Koumassi, entraînent des pénalités lourdes.
À 7info, Madouba, le président des chauffeurs professionnels d’Abidjan Sud-Comoé, explique que les véhicules sont souvent enlevés par les agents du District d’Abidjan puis envoyés en fourrière où les transporteurs doivent payer des amendes avant de récupérer leurs véhicules.
« C’est inacceptable pour des pauvres transporteurs comme nous », déplore-t-il.
Sur le trajet, il est désormais fréquent de constater des brouilles entre les transporteurs et les représentants du District d’Abidjan d’une part, et d’autre part entre les passagers et les transporteurs.
« Nous souffrons tous. Ceux qui habitent Koumassi doivent marcher 2 à 3 km pour rentrer chez eux », souligne Zoungrana, un usager excédé.
Pour les transporteurs, l’absence de solutions de stationnement adaptées et le manque de coordination avec les autorités rendent leur travail de plus en plus difficile.
Pour faire face à la situation, les transporteurs du Sud-Comoé ont organisé une conférence de presse le 25 janvier 2025 à Grand-Bassam.
L’objectif était de faire part de leurs préoccupations et demander au gouvernement des solutions durables.
Ils ont particulièrement dénoncé l’inexistence de zones de stationnement et l’impossibilité d’utiliser les arrêts minutes installés pour eux.
« Nous sommes prêts à soutenir la modernisation des gares routières et à améliorer l’organisation du secteur, mais il faut que le dialogue soit ouvert », a indiqué l’un des représentants des transporteurs.
Ces transporteurs exigent que des espaces de stationnement et de débarquement des passagers leur soient alloués.
Ils souhaitent également utiliser les sites qui leur sont attribués depuis toujours sans craindre d’enlèvements ou de violences.
Ils insistent également sur la nécessité de disposer de gares dignes, modernes et adaptées à leurs activités.
Les transporteurs du Sud-Comoé souhaitent enfin une amélioration immédiate de leurs conditions de travail et la mise en place d’un cadre plus souple et efficace pour l’exercice de leur activité.
Tristan Sahi